6 – Namche Bazar, 3445 m…
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Namaste depuis le sentier !
Et oui, l’avion a réussi a se frayer un passage au travers des trous nuages et se poser sur ce nid d’aigle qu’est le village de Lukla à 2800 m d’altitude… Un passage entre les nuages certes, mais pas entre les trous d’air parce que qu’est-ce qu’on a dégusté ! Pffiou… pourtant je suis tranquille en avion d’habitude mais ce matin on était tellement cahoté que pendant 5 minutes je ne faisais plus trop mon malin… Enfin, un obstacle de moins… Pendant ce temps, l’expédition des Russes qui en avait marre de se colletiner des allers-retours entre la montagne et Kathmandou s’est payée, ma chère, un hélico perso pour 600 dollars par personne… Y a aussi une nana parmi l’expé des Russes, le genre de nana à qui il faut mieux faire la bise… j’ai eu le malheur de lui tendre ma main et il en est sorti un beefsteack hâché… Je Crois que dorénavant que la saluerai de loin ou bien mettrai quelques moufles avant… On a d’ailleurs rencontré ce matin les membres de l’expédition, dont un Français qui n’a pas l’air super délire, et aussi le docteur russe qui sera à notre disposition en cas de problème… ça c’est plutôt pas mal… Par contre, si le sherpa en chef est toujours aussi gentil, c’est vraiment chaud de communiquer et espérons qu’il manie mieux le piolet que la langue de shakespeare… Et puis dans cet univers apoxié c’est la règle d’or pour garder le souffle, parler anglais… j’inspire… Shakespeare… Et ben, c’est pas gagné tout ça parce qu’on est toujours seulement à 2700 m, on remonte le torrent du Khumbu (la résultante de l’ice fall) mais on a commencé par une bonne descente… alors si ça dérive déjà en blagues nases… la suite risque d’être coton… Les anciens de l’équipe cavalent dur avec leurs grandes guiboles et je me rattrape plutôt en descente où j’aime laisser mon poids m’entraîner donc courir… Demain on devrait dormir à Namche Bazar vers les 3400 m et y rester un jour pour s’acclimater… Ah oui j’allais oublier la grande nouvelle pleine de luxe, c’est que les Russes auront carrément internet en wi-fi depuis le camp de base donc je pourrai super tranquillement prendre mon temps pour me balader sur la toile depuis ma tente… Si c’est pas beau ça… ?
Et ben nous y voilà à Namche Bazar, ce petit village suspendu à la pente comme un amphithéatre grec… Ça me fait même carrément penser au théâtre antique de Delphes… mais au pied ce n’est pas une mer d’oliviers qui s’étend mais plutôt des sommets enneigés sous l’œil bienveillant de Bouddha… Enfin pour que Bouddha reste bienveillant, encore faut-il bien contourner les lieux de prière par la gauche, mais oui souvenez-vous, la capitaine Haddock s’était planté une fois dans « Tintin au Tibet » et ça avait porté malheur à l’équipe… et heureusement, notre sherpa Pinda est la pour veiller à ce que les aiguilles tournent dans le bon sens…
Et puis, il vient de m’apprendre une nouvelle expression, « Tacidalé ? » pour demander, juste après « Namaste ! » si tout va bien ou pas… Et ce Tacidalé fait le bonheur des porteurs que je croise sur le sentier… J’ai même mis au point un menu Best Of pour faire croire que je parle Népalais… « Namaste ! Tacidale ? Déré Rambro sathi… Pheri Bhe Tongla »… ce qui donne un p’tit « Bonjour ! Ça va ? Très bien mon pote… A Bientôt hein… » et éventuellement, s’ils me demandent après moult rires si je parle Népalais, j’agrémente le tout d’un petit « Toré Toré » des familles pour leur dire « juste un peu »… Le tout rencontre un bon succès pour l’instant…
Une Bonne journée de marche vient de se conclure avec 1000 m de dénivelé… et du soleil toute la journée, des ponts Himalayens en veux-tu en voilà et des villages peuplés de mômes tout enclins à se laisser photographier… Namche Bazar, pas de problème pour l’atteindre donc, mais par contre pour trouver notre Lodge… On savait par Pimba le sherpa qu’on dormirait ce soir dans le lodge « Kandhi Bess » donc ok, mais vu qu’on est arrivé séparément… recherche partout dans le village pour finalement, après moult demandes aux locaux, arriver au lodge « Camp de Base » dans la langue châtiée de Molière… Et ben, si ma prononciation du Népalais est aussi nulle que celle-ci je comprends mieux pourquoi ça se marre dans les chaumières à chacun de mes passages… ( : D Demain finalement, pas de repos, on continue à monter, le repos « acclimatatif » ne sera que dans deux étapes, une fois passés les 4500 m d’après ce que j’ai compris… Quel bonheur, surtout de façon relative vue qu’hier j’ai comblé une lacune en regardant sur le portable et dans le lit (Quel luxe… !) « Rosetta » des frères Dardenne sur fond de sinistrose belge… Elle n’arrive même pas à se suicider au gaz parce que sa bouteille est vide dis donc… Pfffoou, faut savoir apprécier sa vie et là en ce moment (non en fait tou-jours !) c’est le cas… Pourvu que ça dure…
Pheri Bhe Tongla les « sathis » et à bientôt… prochaines nouvelles seulement dans cinq jours je pense une fois atteint le camp de base et transmis le code wi-fi des Russes.
Yves |