18 – Et c’est Parti…
- Everest
- Yves Morel
- 07 Mai 2009
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Namaste !
Cette fois-ci, ça y est, c’est vraiment parti pour la dernière ligne droite ascensionnelle… Qu’est-ce qu’elle va être dure celle-là !
Ce matin, j’ai fait mes émouvants au revoir à mon petit couple de (jeunes) grands-parents tellement attachants, et avant de partir je leur ai fait imprimer hier la photo souvenir ensemble et … ils ont eu l’air encore plus touchés… Ce matin, le mari, m’a attaché autour du coup un collier porte-bonheur béni par le dalaï Lama, et sa femme m’a fait jurer d’être très prudent et de ne prendre aucun risque pour retrouver ma petite femme et ma petite fille qui ont besoin de moi… C’est pas génial de retrouver d’autres ferments familiaux à l’autre bout du monde ? Franchement, ils m’ont vraiment ému par leur gentillesse et m’ont tous deux embrassé comme du bon pain (et qu’est-ce qu’il m’a « serré Al »…), me demandant de leur promettre de venir leur donner des nouvelles dans une semaine (j’espère que tout sera fini…) à mon retour du sommet … ou apparenté… Ah je ne change pas d’un poil et suis vraiment sous le charme de cette sincérité et cette générosité népalaise…
Outch… ! J’ai aujourd’hui payé le prix de mes goûts luxueux pour le cinéma en haute altitude… Mon sac à dos d’une quinzaine de kilos (que dalle me direz-vous par rapport aux porteurs… Certes, mais il faut alors que je me mette à utiliser le portage frontal pour économiser quelques forces à la mode Népalaise…) m’a littéralement détruit la nuque… oui oui, la nuque, la nuque hein, pas d’extrapolations erronées… En effet, cette dernière journée de repos s’est un peu apparentée à un festival de Cannes ou à la sacro sainte fête du cinéma dont je me pourlèche d’avance les babines et les bobines… avec, excusez du peu… quatre films pour conclure : on commence par un petit Don Siegel avec Clint Eastwood (« Two mules for sister Sarah ») sur fond de présence Napoléonienne (III) au Mexique, j’enchaîne par le classissime « Mad Max » et ce jeune wallaby de Mel Gibson pas encore fou de Dieu, puis… incontournable, il fallait d’urgence avant le départ visiter mon équipe de vétérans en me poilant à nouveau sur les « Space Cowboys » de Clint Eastwood (encore), et enfin j’ai terminé en musique sur «un peu» (2 h 40 de film) de jazz avec ce bel hommage Eastwoodien (toujours) rendu à Charlie Parker avec le « Bird » enlevé paar Forest Witaker… Impressionnant quand même ce dernier monstre classique du cinéma de bientôt 80 ans qui ne cesse de se bonifier en vieillissant en sortant chef d’œuvre sur chef d’oeuvre… Pfou, deux films du calibre de « L’échange » et de « Gran Torino » en moins de trois mois…Chapeau bas Monsieur !
Une véritable cure de cinéma … ! …mais Bouddha s’est vengé en transformant mes cervicales en bouillie… Mais bon plus qu’une journée et puis ce sera le camp de base et notre sac à dos va se transformer en poids plume largement supportable donc je mange mon pain noir pendant deux journées et c’est tout…
Les dernières courses effectuées ce matin, dont des nouilles déshydratées pour Joseph et moi en cas de carences nutritives dans les camps élevés à l’approche du sommet… j’ai repris le sentier , non sans avoir dû racheter un bâton télescopique après avoir égaré le mien… Décidément, je fais vraiment office de Gaston Lagaffe sur cette montagne après avoir fait tomber dans une crevasse mon descendeur lors d’un rappel entre le camp III et le camp II… Mais niet ! Je stoppe l’hémorragie financière et ai préféré demander aux sherpas de m’enseigner le nœud de rappel lorsqu’il s’agit de descendre directement à partir d’un mousqueton à vis sur une corde fixe et que l’on n’a pas de huit à disposition… Au moins c’est un mal pour un bien et le nœud est scrupuleusement noté sur mon carnet à tout faire et je pense avoir à court-terme cette manip’ en tête…
Après quelques heures de marche à un bon rythme confirmant une acclimatation réussie, j’ai retrouvé mon pote Joseph pour une embrassade bien conviviale et spontanée à Tangboche… Heureusement que j’ai pu retirer encore un peu de sous ce matin pour éponger partiellement mes dettes car le père joseph commençait à son tour à se retrouver fauché, d’autant plus qu’il s’en est sorti quasiment pour le double du prix de ma petite pension conviviale…
Décidément, je suis vraiment heureux sur toute la ligne d’avoir effectué ces trois heures de marche supplémentaires… vraie vie de village, économie substantielle d’argent, petite pension paradisiaque, internet et…
Et hier, j’ai fait mes premiers pas sur Skype… C’est vraiment blousant ! Retrouver une qualité acoustique proche du téléphone, l’image animée… pour une quasi gratuité… là je dis chapeau bas ! Et en anti militaire convaincu, quand même merci à l’armée d’avoir inventé internet… D’observer (subrepticement parce qu’il y a avait des sautes d’images), cette petite poulette de Louise devant le portable en train de chercher d’où provenait ma source vocale… ça m’a littéralement laissé sur le cul ! Oui… enfin, décontenancé je voulais dire… Depuis, ce cyber café d’altitude, de pouvoir ainsi entrer chez moi, non là je ne m’en remets pas… Et cet amant mal caché derrière le canapé… non mais on distinguait tout… Bon je m’arrête ça va finir par me rendre nerveux… ( : – D
Et maintenant, le programme ! De-mandez le programme… Un programme qui risque peut être de s’accélérer sachant que nous venons d’apprendre que la première expédition de 2009 vient déjà de poser les crampons sur le toit du Monde…
Voici la suite des hostilités donc…Arrivée au camp de Base de 7 mai au soir, avec en théorie et au maximum deux jours de repos, puis à partir du dix c’est parti… camp II, puis, si la météo est clémente on progresse d’un camp par jour, donc camp III le onze, repos au camp IV l’après-midi du douze, on part à la frontale dans le soir du douze (vers les vingt-et-une heures) pour avancer toute la nuit et espérer approcher le sommet le treize au matin…
Voili voilou le programme mais les impondérables ne devraient pas manquer, avec en premier ordre la météo et surtout le vent… Donc si une fois et une seule fois vous pouvez investir dans une prière (Bouddhiste ou autre…) et m’envoyer une météo pacifique, d’un bleu profond avec le grand souffleur en grève… et bien c’est le moment ! J’apprécierais et mes mains encore plus…
Le prochain message me semble relever d’une autre époque au vu de la gageure qui m’attend… Plein de bonheurs à vous, profitez de ce joli mois et de cette jolie semaine qui arrive, ceux qui doivent se marier et bien ne vous plantez pas, idem pour les examinés et…
Ben on change pas une équipe qui gagne… hein ?
Pheri Bhe Tongla et au plus tôt possible ce qui signifiera que la météo nous aura ouvert les bras en signe de bienvenue…
Yves
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