Un autre monde
Peut-être sot, peut-être vain, je rêve d’un autre Monde
bien loin de ce ravin qui glisse vers l’immonde,
Un Monde fait d’alaises, un Continent moins rance,
que ce Monde de malaise, inique incontinence…
Une fois la vie d’adulte, tout Rêve devient ténu
C’est l’heure du grand tumulte, le profit s’insinue…
On arrive sur Terre pour suivre les moutons
Destin éther à terre dupliqué ton sur ton…
Il faut faire de la maille, et devenir quelqu’un
un Monde écrit en braille, pour borgnes et puis équins…
C’est l’horreur dès l’aurore, RER vers l’erreur,
c’est l’ère du plaqué or, alors l’art se fait leurre
Quand l’heure de la candeur, sans amarre trouve la mort,
c’est un salar sans air et tant d’heurts pour le corps
Étendard pour le cœur racorni d’un bon quart,
et tant d’art ces hackers, d’accord nient leurs écarts…
Mais parlez-moi un peu de la notion de Rêve !
Rêve parti, adipeux, plein de graisse et sans sève
On confond aujourd’hui le Rêve et le Pouvoir,
la vie au bel enduit, la fève et l’entonnoir…
L’entonnoir c’est la thune, intermédiaire obscène,
avatar de la Une, cette pécuniaire chaîne.
Mais le rêve c’est pas ça, écran plat ou belle caisse
se regarder bien fat, dans la glace sans cesse
bien narcissique thème, l’intellect est hors jeu
Mimétisme d’un système, l’argent comme seul enjeu
Étaler son salaire et se croire le meilleur,
salive au goût de glaire, sale ire en mode majeur…
Rêver, c’est se connaître, s’ausculter si profond,
à en presque renaître, une fois touché le fond
Rêver c’est voyager, Destination son cœur
et puis l’interroger, questionner le bonheur…
Voilà, c’est le début, les splendides prémisses
d’un rébus sans rebut, patrimoniale abysse
Après, il faut tenir, bien fixer ses œillères,
faire taire les tristes sires, accrocs obligataires
à la Bourse ou au CAC, au Nikeï au Dollar
bref tout ce qui claque et rapporte du lard…
Surtout me prenez pas, pour un donneur de leçons,
la vie, j’ l’ai mise au pas, au bout de mon hameçon,
ma vie, sérieux, j’ la kiffe, plus que ça je l’encense
pas la moindre manif j’adore ses cinq sens,
et sans perdre le Nord j’ voudrais lâcher du leste
je jacte peut-être à tord, Alea Jacta est…
Mais la vie elle est belle, à tous les coins de rues
Cybelle se fait rebelle pour un bonheur féru.
La bonne heure allaitée n’est pas un fait divers
on se tait mais j’étaie à l’envers et en vers…
Le rêve planté hier est à portée de mains
Faut y croire dur comme fer, c’est la force de l’étain
et bien loin d’être éteint, croyez pas qu’il lésine
c’est l’ sourire qui déteint, le rêve emmagasine
croissance et apogée, le Cœur bientôt jubile
insouciance délogée, c’est au tour de la bile…
Je me fous du flacon pourvu qu’il y ait l’ivresse
des rêves bien féconds de billet pour l’Everest
au propre ou bien au sale, figuré bigarré
bagarre pour s’ faire la malle, y a pas d’ mal à rêver.
Mais fini de s’imposer, d’apposer ses envies,
c’est l’heure du proposé, du préposé sans vie
Plus on vit, moins ça va, plus ça part à vau-l’eau
exit le cervelas, cerveau lent et à l’eau.
On ne pense plus on panse, ses plaies, ça me déplait
la pleine dés errance d’un désert bien replet
Des airs de replay, de replat sans acmé
un salaire s’il vous plait, pour tout relief l’acné…
oui l’acné pour un Monde, sans idée et sans aide,
un Monde bien immonde classé de A à Z,
où l’ascenseur social, en panne et sans maintenance
n’associe que ciel pale et scalpel comme traitance.
Un ascenseur sans sort, sans ressort et si sûr…
Si ça souffle aux Açores, ça s’essouffle sous nos murs
Tant d’autistes sans Otis cloués au rez-de-chaussée
Fraternité factice envers les mal chaussés.
Sans Schindler et sans air, on emprunte l’escalier
mais si le flair s’affaire, ça sent le lait caillé !
Je rêve d’un Monde en marche où l’homme descend du songe,
où le songe se ferait Arche, et l’Arche un jour éponge,
une éponge pour malheurs, je m’accroche à ma lyre,
un délire sans douleur, sans dealers à élire…
Peut-être sot, peut-être vain, je rêve d’un autre Monde
sans pourceaux, sans pots de vin, une gigantesque Ronde,
une Planète de justesse de mérite et de choix,
une Planète sans stress, sans guérites et cent voies
parlant d’une seule voix, d’une voix altruiste,
l’Individu j’ le voix, heureux et humaniste,
un Monde sans coups fourrés, un Monde de confiance
un Monde dont l’orée aurait pu s’appeler France…