Everest

Namaste !

Ahhh… ces retrouvailles avec Katmandou dix mois plus tard…
C’est proprement hallucinant, les Népalais en général et cette ville en particulier m’ont tellement marqué l’année dernière par leur sourire, leur gentillesse que j’ai l’impression de retrouver une cité immobilisée par un génial arrêt sur image (non non, je ne me fais pas de pub…) et qui reprend le cours abandonné après un langoureux claquement de paupières…

Je n’avais donc pas vécu de mirage l’année dernière mais avais bien décrit avec justesse ce peuple comme la crème de l’humanité, et une crème allégée qui plus est, une crème qui jamais ne pèse sur l’estomac…

Je retrouve les mêmes poses des rickshaws sur les mêmes places ornées des mêmes temples éveillant délicatement le nez par les mêmes odeurs d’encens, les mêmes propositions susurrées selon la distinction et la discrétion locale, je retrouve mes « potes » les vendeurs qui ô miracle me reconnaissent, les cuistots…

Bien sûr et je ne les en blâme pas, ils ne se souviennent pas de mon prénom mais leur sourire spontané me convainc du plaisir de me serrer à nouveau dans leurs bras…

Ah je revis ici, et c’est peu de le dire….

Cet entre las de ruelles toutes identiques et dans lesquelles on se perd par pur plaisir, en abandonnant sans résistance tout sens de l’orientation, à cause ou plutôt grâce à l’observation de cette débauche de couleurs, de vie et d’agitation qui anime l’intégralité de ses échoppes…

On se laisse également perdre par le goût de la curiosité… Le touriste ne se balade pas à Katmandou par souci de rentabilité, la surprise se trouve à chaque coin de rue donc c’est l’instinct qui triomphe… Une place sur laquelle trône un temple Bouddhiste, égayée par un marché de légumineuses et d’épices débordant de couleurs… et tiens, si je me dirigeais vers ce vendeur de jus de fruits en train de concasser la canne à sucre… ?

Non, finalement je vais me diriger vers cette sombre ruelle dans laquelle un épais embouteillage de voiture, de rickshaw, de mobylettes et de piétons semble s’agglutiner…

Et ensuite, tiens je vais tourner vers cette boutiques d’antiquités et de masques…

Oh, une nuée de pigeon semble jouer le rôle de vestales pour ce temple hindou perdu au milieu des «gratte-ciel » (six – sept étages maximum, mais de bâtiments qui paraissent sans fin par rapport à l’étroitesse des ruelles)… Et s’y je m’y dirigeais ?

Á Katmandou, on ne cherche rien mais on trouve tout…

Il faut juste tracer son chemin, et garder l’idée que l’on a en tête… trouver un coiffeur, une pharmacie, une lampe, des recharges de piles… que sais-je encore… ?

Et avec ces propos, je n’évoque pas la situation où un bon Samaritain vient spontanément de façon purement désintéressée proposer son aide…

Un Paradis de liberté, un Paradis de respect mutuel…

Simplement se poser sur une marche et observer relève du plaisir… Pas une once d’agressivité ne se détecte dans les regards népalais et au contraire, c’est un tsunami de sourires et de dents fièrement arborés qui inonde les rues et le quotidien de ce peuple hors du commun…

Faites le test à Paris… Je le ferai à mon retour et espère me tromper dans mes conclusions mais j’ai bien peur d’observer des dents, non pas pour signaler le profond respect porté à autrui mais plutôt pour mordre…

Allez, il faut que je trouve un bémol pour compenser un tel festival de dithyrambes…

Et bien parlons de cette habitude Népalaise mais surtout asiatique en général de cracher en exprimant un bruit de tous les Diables… Des hommes mais également des femmes et l’impression qui en ressort apparaît d’autant plus inesthétique et peu raffinée…

Il est de bon ton ici de se creuser la gorge au plus profond de l’âme et de la façon la plus bruyante possible pour cracher en pleine rue, et ce n’est pas l idee du crachat physique qui pose le plus de problème mais d’avantage ce concert sonore tellement peu esthétique au niveau de l’ouïe alors que cette ville se révèle une telle fête des autres sens…

Je retrouve aussi ces coupures d’électricité chroniques qui rythment le quotidien de cette Capitale d’un autre temps…

Je me souviens d’une blague malgache pour gausser le recul de la Grande Ile après les quarante ans de corruption de l’ère Ratsiraka… « Vous savez comment s’éclairait Madagascar avant l’invention de la Bougie… ?».

Réponse : À l’électricité !

Ici la situation est un peu différente mais j’ai du mal à obtenir une réponse étayée et claire…

Parmi les explications les plus plausibles, le manque d’infrastructures et en l’occurrence de centrales hydroélectriques sur des torrents pourtant omniprésents dans ce Pays – Château d’eau, la décision d’exporter de l’électricité en Inde et donc…

Et donc , c’est le Népal qui se serre la ceinture… jusqu’à certaines fois vingt heures d’absence d’électricité par jour !

Mais au moins, et c’est ce que j’essaie de répéter aux Népalais pour les convaincre qu’il y a pire qu’eux, ici, le Gouvernement publie un programme quotidien des coupures d’électricité laissant aux habitants la faculté de se retourner… c’est-à-dire concrètement sortir la bougie, fermer boutique ou bien investir dans un groupe électrogène…

Au Bangladesh où je m’étais un peu baladé l’année dernière, les mêmes coupures existent mais de façon complètement inopinée ce qui rend la situation totalement ingérable…

Concrètement lorsque j’entrais dans un cyber café, je me retrouvais contraint (contrit) de m’auto envoyer chaque bribe de message toutes les deux minutes de peur qu’une coupure n’intervienne… et en cas de coupure, et bien personne ne savait si celle-ci n’allait être subie pendant cinq minutes ou trois heures…

Alors, dans ce Pays on prend son mal en patience et… on attend…

Ici c’est quand même plus simple… on sait que vendredi par exemple, la lumière ne reviendra pas avant vingt-et-une heure mais que l’on pourra en revanche compter sur l’échéancier gouvernemental…

Bref, les Népalais sont au courant…

Ouais, pas vraiment lumineux sur ce coup-là… On dira simplement que dans ce pays, je compte des potes éclairés… la tolérance en plus !

Bon, je vais m’efforcer d’arrêter l’aligner mes louanges sur la douceur de ce Pays de rêve et en revenir à l’expédition qui m’attend et au froid nettement moins accueillant qui ne devrait pas non plus manquer de m’embrasser, et avidement avec cela…

Je viens de rencontrer le responsable d’expédition népalais qui a l’air super sympa, souriant (ce n’est pas un scoop dans ce Pays…), attentif et organisé…

En outre, à peine arrivé, j’ai déjà reçu un coup de fil pour une « interview » ( c est un grand mot) d une femme, une Anglaise installée ici, qui recense toutes les expéditions en partance à l’assaut de l’Everest, puis élabore et actualise des statistiques… ce devrait se dérouler demain matin pendant le p’tit dèj’…

J’ai bien fait d’apporter mon carnet de notes des expressions népalaises de l’année dernière, carnet que je rentabilise au maximum, au plus grand plaisir des locaux qui partent dans de grands éclats de rire illico…
C’est si bon de recevoir des sourires spontanés, des sourires qui ne riment pas avec business…

Toute la différence avec la Thaïlande… ici, les négociations débutent dans le sourire, se précisent lorsqu’on commence à aborder les prix avec le sourire, et si l’accord ne se trouve pas on quitte la boutique suivi par un dernier sourire, un sourire authentique…

Pour en revenir à l’Everest (décidément j’ai du mal à m’extraire des ruelles de Katmandou…) on devrait finalement mettre huit jours de sentier pour parfaire l’acclimatation des derniers membres (on va se retrouver à cinq finalement, avec aux dernières nouvelles, un Irlandais qui débarque…).

C’est plutôt bon ça, les Russes dont je redoute l’instinct grégaire vont finalement se retrouver en minorité et j’espère que nous allons nous soutenir avec les anglophones (dont je n’ai pas la prétention de faire partie…).

Et puis le rythme devrait s’avérer assez tranquille pour parvenir au camp de base que j’avais l’année dernière atteint en deux jours et demi…

Bon, je vais vous laisser car il me reste quelques achats à faire parce que je viens de m’apercevoir que j’avais oublié dans la précipitation du départ (et je n’ai pas dit sous le pluie…) tout mon matériel hors celui de haute montagne (remarquez qu’il vaut mieux que ce soit dans ce sens…) donc demain il faut que je me trouve des fringues plus légères et adaptées à ces vingt-cinq degrés ambiants et ensoleillés si agréables…

Bises a tous, profitez bien des jours qui rallongent, de la nature qui s’ouvre… et a très bientôt pour le commencement de l’aventure…

Pheri Bhe Tongla (à bientôt) à tous

Yves

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